Son histoire
Allongée sur son lit, notre Naomi contemple le plafond. Aujourd'hui en ce 15 mars, elle a 15 ans. Ironie étrange. On est le matin, les rideaux sont grand ouverts et la pâle lueur de l'aube entre par la fenêtre. La jeune fille fixe le plafond, toujours immobile. Lentement, ses yeux se ferment. Elle replonge immédiatement dans son passé, son enfance, en premier, lui apparaît.

Elle est née dans une petite famille. Elle était la première-née. Ses parents étaient arabes tous les deux. Ils avaient émigré en Angleterre dans la légalité pour rejoindre le frère du père de Naomi, nommée à l'époque Alma. Elle a grandi avec sa mère dans un minuscule appartement dans une banlieue pourrie où tout un tas de petits trafics illicites démarraient et vivaient presque légalement : prostitutions, drogues, armes, etc... Elle ne voyait quasiment jamais son père qui partait tôt et revenait tard. Sa mère l’emmenait tous les jours au parc, été comme hiver, soigneusement habillée pour la saison. Sa mère, comme son père, était croyante et elle portait un simple voile sur ses longs cheveux bouclés aussi noirs que la nuit. La petite Alma grandissait très vite au grand bonheur de sa mère et de son père. Puis, deux ans après la naissance de sa fille, la mère de cette dernière attendit de nouveau un enfant. Cette fois décida-t-elle, ce serait un petit garçon ! Elle ne fut pas déçue en voyant un petit garçon emmailloté dans un lange. Elle le prénomma Ildriss. Ils restèrent dans le minuscule appartement où il n'y avait que deux chambres par faute de moyens. Mais Alma s'en fichait : elle adorait son petit frère et pouvait jouer des heures avec lui sous la douce surveillance de sa mère.

Enfin, elle eut trois ans et sa mère l'inscrivit à l'école maternelle. Au début Alma avait beaucoup de mal puisque chez elle, sa mère ne parlait presque que l’arabe, ne savant que très mal parler l'anglais malgré tous ses efforts pour l'apprendre. Mais la petite apprit rapidement à lire en anglais et à le parler couramment. Elle aidait souvent sa mère le soir à bien apprendre à le parler. Elle était fière de sa mère qui faisait beaucoup d'efforts pour elle et son frère. Malgré tous les efforts de la petite et de sa mère, Alma ne fut jamais croyante. Pour elle, ce n'était pas possible les histoire de Dieu, etc... Mais elle réclamait quand même tous les soirs à sa mère une histoire du coran. Sa mère s’asseyait près d'elle, ses longs cheveux bouclés lui tombant au niveau des reins, la petite se blottissait contre elle et la mère racontait en arabe l'histoire et la petite écoutait, émerveillée, les histoires. Parfois, sa mère lui racontait simplement des contes arabes ou lui décrivait des paysages de son ancien pays. Et la petite les yeux grand ouverts, rêvait.
 
La première fois qu'elle se battit se fut un an après sa rentrée à la maternelle. Un petit garçon l'avait embêté un peu trop et elle l'avait mis à terre avant de le frapper de toutes ses forces. C'était deux maîtresses qui les avaient séparés. Elles avaient immédiatement convoqué les deux mamans pour des explications. Alma avait refusé de s'excuser parce que le petit garçon avait insulté sa mère. Mais une tape de sa mère derrière la tête et un seul regard noir de cette dernière la convainquit de le faire. Elle s'excusa vaguement et le petit garçon l'imita. Tout rentra dans l'ordre. À cette époque, Alma découvrit que son père était assez violent. Lorsqu'il apprit le comportement de sa fille, il la gifla de toute sa force avant de retourner boire. Alma comprit que soit son père était abruti de fatigue soit abruti par les quantités d'alcool qu'il buvait. Alma continuait à apprendre, le soir, à parler à sa mère  en anglais comme à son petit frère. Elle continuait aussi à se battre à l'école, mais les maîtresses, épuisées, se contentaient de faire s'excuser les enfants et de soigner leurs bobos. Pour ne pas inquiéter sa mère, elle racontait des mensonges, prétendant être tombée dans la cour ou autre.

La seule fois que sa mère la gifla de toutes ses forces, ce fut le jour où elle avait trainé avec des gamins du quartier, elle devait avoir six ans, et qu'ils avaient fait une énorme connerie. Laquelle ? Naomi ne le sait plus elle l'a oublié. Mais en rentrant sa mère l'avait giflé et grondé ,mêlant anglais et arabe, sur la connerie.  Elle voulait que sa fille soit une bonne élève et travaille bien. Pas qu'elle devienne un voyou comme pour faire plaisir à la télé. La petite le comprit vite et ne traîna plus jamais avec les mini voyous. À cette époque, elle rencontra Naomi qui devient rapidement sa meilleure amie. Cette petite fille était une petite juive. Alma le découvrit en allant chez elle pour y dormir un vendredi soir et que le père de Naomi fit le Chabbat. Fascinée par cette cérémonie et les chants mélodieux, elle y vient plusieurs fois. Naomi était ravie comme ses parents. De l’extérieur pourtant, on n'aurait pas dit une famille juive : le père n'avait pas de papillotes et la mère ne portait pas de perruque ni de chapeau. Une vraie amitié lia bientôt les deux familles et ils s'invitèrent plusieurs fois mutuellement à manger chez les uns et chez les autres au plus grand bonheur des deux petites filles. Souvent lors des réunions parentes-professeurs Alma devait traduire certains mots compliqués pour sa mère, mais dans l'ensemble, la dame parlait et comprenait très bien l'anglais. Et Alma en était très fière !

Bien sûr, vous devez vous en douter ce bonheur ne dura pas. Alma avait presque neuf ans lors  de la fête de son école primaire. Son père, son frère et sa mère étaient venus. Son frère parce qu'il y participait lui aussi, et son père car il avait posé un jour de repos pour voir sa fille et son fils. La petite fille était sortie de l'école pour aller acheter des glaces à sa famille. Elle était chez le glacier lorsqu'elle entendit une série de coups de feu et des hurlements de peurs et de douleurs. Elle laissa tomber les glaces au sol et sortit en courant. Un homme l'attrapa et la tira en arrière. Il lui plaqua la main sur la bouche et la tira derrière un mur

-Chut ! N'y vas pas ! Il y a un tireur dans la cours de l'école ! J'viens d’appeler la police, mais n'y va pas !

La petite le fixa terrorisée, mais ne bougea pas ,obéissante à l'époque. Bientôt l'homme dans l’école fut abattu et Alma se dégagea de l'homme et bousculant les policiers, elle se précipita dans l'école en hurlant des "Papa!" "Maman!" et "Ildriss!" angoissés. Elle sanglotait déjà. Soudain, elle trébucha et tomba au sol. Elle se redressa et poussa un hurlement de douleur mêlée de peur. Elle venait de retrouver ses parents. Sa mère avait une balle dans la gorge et son père une balle dans la tête. Ildriss lui était mort d'une balle dans le cœur. Ils reposaient tous les trois dans une mare de sang. Alma fit quelque chose de normal, elle s'évanouit.

Lorsqu'elle se réveilla, elle était à l’hôpital. Il y avait un infirmier près d'elle. L'infirmière lui raconta ce qu'il s'était passé. Apparemment, le tireur était un fanatique qui avait voulu "nettoyer le Royaume Unis de la pourriture des étrangers". Alma répondit aux questions qu'on lui posait, dans un état second. Quelques jours plus tard, ce fut l'enterrement de sa famille. Presque par réflexe, la petite fille commença à réciter la prière des morts. Elle ne savait même plus où elle l'avait apprise. Elle fut bientôt envoyée dans un orphelinat plus que moisi. Un vague psychologue l'écouta un peu parler puis décréta que cela ne servait à rien. Alma comprit rapidement que pour survivre dans ce monde, c'était à celui qui gueulait et mordait le plus fort.

Alors c'est ce qu'elle fit. La petite fille se battit pour chaque morceau de son "territoire", n'hésitant pas à frapper des pieds et des poings ainsi que des mots les autres pour leur faire comprendre qu'elle ne voulait pas de compagnie, qu'elle voulait avoir son espace vital à elle. Elle ne pensait plus, elle agissait. C'était seulement au cœur de la nuit, lorsqu'elle était sûre que personne ne pouvait l'entendre, qu'elle pleurait sa famille et Naomi. Qu'était devenue la petite fille aux longs cheveux châtains clairs et au rire lumineux qui était l'amie d'Alma ? Elle l'ignorait. Enfin... Si elle le savait. Naomi avait été tuée elle aussi. Et ses parents avaient pleuré sa mort avec les sœurs et frères de cette dernière. Un mois avant son anniversaire, elle fut convoquée par la directrice. Elle vit un policier qui lui demanda de le suivre. Elle obéit et toucha du bout des doigts la photo de sa famille qu'elle cachait dans la poche de son pantalon. Elle grimpa dans la voiture et le policier lui proposa de l'eau. La petite accepta et but. Elle s'endormit presque immédiatement.

Elle se réveilla presque nue dans une chambre toute blanche. Il y avait une tenue avec un t-shirt orange et un pantalon treillis avec des sous-vêtements propres près d'elle. Il y avait également la photo de sa famille. La petite se leva immédiatement, enfila la tenue et serra la photo de sa famille contre son cœur avant de la ranger dans la poche de son pantalon. Curieuse, elle sortit et observa autour d'elle. Il y avait un garçon au t-shirt gris dans le couloir. Elle s’approcha.

-Où suis-je ?
-Je ne parle pas aux oranges. Fit-il, et lui indiqua du pouce une porte.

Elle le fixa, surprise, mais obéit et poussa la porte. Une salle d'attente. Elle s'approcha de la porte entrouverte et toqua avant de passer la tête par l’ouverture.

-Bonjour ? Vous parlez aux oranges vous ?

La femme assise derrière le bureau sourit.

-Oui, je parle aux oranges. Approche-toi Alma.

La petite obéit et grimpa sur une chaise. La dame lui expliqua où elle était et pourquoi elle y était. Alma hocha la tête, attentive. La directrice expliqua à Alma que, pour être sûrs qu'elle puisse faire partie de l'organisation, elle devait effectuer des tests. La petite accepta aussitôt.

Elle réussit haut la main les tests, ayant malgré tout quelques difficultés pour celui d'intelligence, car vivant dans une banlieue avec une école miteuse et des enfants plus que turbulent, elle n'avait pas suivi tout le programme et avait des lacunes. Mais elle réussit avec une pointe de vitesse et des capacités physiques impressionnantes pour son âge.

Un peu déçue de devoir retourner dans son orphelinat miteux pour quelques jours, la petite s'ennuya ferme pendant la semaine où elle y resta repoussant toujours les autres sans gentillesse. Enfin, elle put retourner dans le bureau de la directrice. Elle la félicita pour avoir réussi les tests et lui donna un t-shirt rouge à sa taille puis lui demanda de choisir un nouveau nom après lui avoir expliqué les raisons de ce changement. La petite ne réfléchit pas très longtemps et déclara :

- Je serai Naomi Estrella !

Estrella était le nom de sa mère et Naomi le nom de sa meilleure amie. Elle gardait Alma comme second nom. Ainsi, la petite Alma devient la grande Naomi. Elle dut attendre un an avant de pouvoir, partir faire le PEI. Durant cette longue année, elle apprit les arts martiaux et finit son apprentissage de l'Arabe.

L'année de sa participation a PEI , elle fit équipe avec une fille. Elle se força à rester aimable et à ne pas l'envoyer voir ailleurs trop souvent. La jeune fille était plus âgée et en était à son second PEI. Les premiers temps furent très durs, mais elle s'accrocha et serra les dents pour continuer à avancer comme toujours. Pour l'épreuve finale, ils furent largués en pleine forêt finlandaise en plein hiver. Naomi haït plus que tout la neige durant cette période, mais s'accrocha toujours. Finalement sur les huit agents passant le PEI seulement quatre réussirent. Dont Naomi et sa camarade. Elle reçut son t-shirt gris avec beaucoup de fierté. Elle avait grandi durant le PEI .Ensuite vinrent les petites missions de bases que la petite fille puis l'adolescente effectua avec un semblant de plaisir. Au moins, cela changeait sa routine quotidienne. Puis alors qu'elle avait treize ans lors d'une mission de rang élevé, elle tua. Pour la première fois de sa vie.

L'équipe devait débusquer un trafic important de drogue en Afrique. Elle était en équipe avec deux autres agents de grades bien supérieurs au sien, dont un certain Maxwell qu'elle avait du mal à le supporter, car elle le trouvait insolent, vantard et surtout tout bonnement insupportable. Enfin si on ne regardait pas de trop près le jeune homme était pas mal. Mais elle s'accrochait et était extrêmement fière d'avoir été choisie. Elle suivait quelqu'un quand un mastodonte l'attrapa. C'était l'un des chefs de ce cartel. Effrayée, elle se débattit, mais étant donné qu'il était plus lourd et plus fort il la traîna dans une ruelle sombre. Il la jeta dans les poubelles et l'immobilisa vaguement. Alors qu'il se penchait vers elle Naomi attrapa un tesson de verre et lui planta de toutes ses forces dans la gorge et vrilla. L'homme poussa un hurlement de douleur et bascula en arrière. Naomi d'un coup de pied se redressa couverte de sang et s'enfuit. Elle savait qu'il allait mourir, elle avait planté le verre dans sa carotide. Elle revint dans l'appartement loué par la mission et raconta immédiatement tout à l'agent de contrôle. Qui fut absolument catastrophé et s’inquiéta beaucoup pour elle. Naomi refusa qu'on interrompre la mission pour elle et insista lourdement pour rester sur le terrain. Malgré tous ses efforts, CHERUB décida de la retirer de la mission. La directrice l'envoya un peu chez le psychologue pour lui permettre de se remettre de l'agression. Même si elle fut retirée du terrain l'administration lui offrit son t-shirt bleu marine. Plus tard, elle avait appris que ce Maxwell avait lui aussi eut son t-shirt bleu marine. Elle avait accueilli l'information par un reniflement dédaigneux. Mais elle ne s'en sentit digne qu'à la fin d'une mission particulièrement difficile où elle dut démanteler une secte.

Malgré sa fin de carrière qui approche Naomi reste là et continue d'effectuer le plus de missions possible.
 

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