Piotr et Zoël attendait tranquillement le temps de rentrer dans le minibus comme d’autres enfants. Ce soir, le couple allait au bowling comme d’autres. Sauf qu’eux, ne comptait pas se préoccuper des autres membres de CHERUB. Du moins temps qu’ils leurs foutaient la paix. Après, advienne que pourra. De plus, Ils avaient choisis d’y aller en prévenant l’administration. Autant dire  qu’ils ne comptent pas causer plus de problèmes que nécessaire. Les deux agents s’installèrent à bord du minibus, côte à côte… Qu’importe les protestations d’un petit rouge qui dû se mettre devant le bleu marine.

Le minibus se gara dans le parking du bowling et les enfants en sortir. Certains partirent vers le cinéma, d’autre se précipitèrent dans le bowling. Le couple lui y alla d’un pas plus tranquille. Ils prirent une piste qui fut, pour le plus grand plaisir du blond, à l’opposé de l’autre groupe de CHERUB. Bien, c’était parti pour le jeu. Le russe lança comme un gros bourrin une boule de bowling avec le nombre 10 dessus. Ce tir fit tomber trois quilles. Piotr choisit au pif une autre boule avec écrit le chiffre 8 cette fois ci. Il la lança comme la précédente et la résultante fut le choc entre la boule et la première quille. Et toute la formation de quilles vola en éclat.  « Spare » s’afficha sur l’écran des résultats. Le blond se retourna vers son petit amis avec un sourire.

Je crois que ça démarre pas trop mal. Tu ne penses pas ?

Zoël n’était jamais allé au bowling de sa vie. Ce n’était pas son monde, et il n’avait jamais dû en faire en mission. Il ne l’avait pas dit à son petit ami pour ne pas le décevoir, mais entre être nul à un jeu de quilles, et regarder un film, il aurait préféré le cinéma. Mais Piotr semblait heureux de cette sortie, et Zoël voulait lui faire plaisir. Après tout il lui en faisait voir de toutes les couleurs en ce moment. Le blond méritait une sortie rien que pour lui.

Le voyage fut très calme. Pour eux en tout cas. Ils ne parlaient pas beaucoup d’ordinaire, mais encore moins quand ils étaient entourés. De temps en temps l’un d’entre eux collait ses lèvres près de l’oreille de l’autre pour lui susurrer quelque chose avant de lui embrasser la joue. Ceci-dit c’était plus pour coller ses lèvres sur la joue de l’autre que pour tenir une conversation. Parfois Zoël ne prononçait pas un mot, et embrassait seulement Piotr.

Leur « allée » (Zoël ne connaissait pas du tout le jargon. Dans sa tête il allait lancer un gros ballon tout dur sur des bouteilles blanches et rondes pour les faire tomber dans le caniveau…) était loin des autres membres de CHERUB. Les autres jeunes ne leur demandèrent même pas de jouer avec eux. Cela laissa Zoël perplexe. Etre avec Piotr le comblait amplement, mais il avait la sensation que le couple s’isolait de plus en plus. Il aimait l’idée de « toi et moi contre tous », mais allait-il vraiment finir CHERUB sans avoir d’autre personne que Piotr dans sa vie ?
. La piste de gauche était vide, celle de droite était prise par un couple d’adultes. La femme n’avait jamais joué. Son mari s’était collé à elle pour lui montrer comment lancer la boule. Elle semblait faire exprès de lancer mal pour prolonger l’étreinte.

Piotr lança le premier. Il fit tomber très peu de bouteilles pour son premier lancer. Cela rassura Zoël : peut-être ferait-il illusion et Piotr ne saurait jamais qu’il n’a jamais joué. Malheureusement son deuxième lancer découpa les autres bouteilles. Zoël se leva à sa suite et ramassa une grosse bille. Il la tenait des deux mains (il n’avait pas vu les trois trous, et malheureusement pour lui chacune des boules était retournée) regarda le bout avec les bouteilles. Ce n’est pas si compliqué pensa-t-il. Il la lança tant bien que mal. Elle ne traversa pas la moitié de la piste avant de finir dans la gouttière. Le français rigola et retourna s’asseoir.

« C’était drôle, on en refait une ? » lança-t-il.

Piotr semblait complètement choqué. Zoël ne comprenait pas. Ah si ! Le brun percuta enfin. Piotr avait lancé deux fois, il devait donc faire de même. Il se releva de son siège et ramassa une autre boule. Il faillit trébucher en s’avançant avec la grosse masse et la lança aussi mal que la première. Il avait envie de se retourner vers son petit ami pour lui dire « T’as vu, je progresse. » sauf que non. La première était presque meilleure que la seconde. En effet, la seconde avait commencé directement dans la gouttière sans même frôler la piste.

Zoël se dit que le bowling devait ressembler au golf. On continuait à jouer son coup jusqu’à shooter toutes les quilles. Piotr avait fini et Zoël devait taper toutes ses bouteilles pour que Piotr puisse rejouer. Il commença donc à saisir une troisième boule pour la lancer, sans pour autant changer de technique.

Piotr observa son petit ami jouer sa première boule puis revenir le voir. Le russe a dû faire une tête de dix kilomètres de long tellement il avait été interloqué par les actions du français. Et cela, portait à croire que ce dernier n’avait jamais joué et encore moins eut connaissance des règles. Surtout quand Zoël chercha une troisième boule. Piotr se leva et rejoignit le brun avec de grandes enjambées. Posant une main sur son épaule et l’autre prête à prendre la boule, le russe se mit à murmurer.

Tu aurais dû me dire que tu n’avais jamais entendu parler des règles du bowling. On aurait pu aller voir un film au ciné comme Albator ou le Hobbit ou je ne sais quel film que tu aurais voulu. Enfin, qu’importe. On va déjà finir cette partie et s’en amuser.

Le couple était proche, très proche. Mais Piotr avait fi des réactions possibles des gens qui l’entourait. De toute manière les autres personnes aux alentours était toute concentrées sur leur propre partie. Le russe fit tourner la boule sur elle-même à la recherche des trous dans lesquels il glissa ses doigts. Il put au passage lire le chiffre 8. De ce qu’il se souvenait c’était le poids de la boule. Enfin qu’importe. Puis il partit vers la piste, lâchant au passage l’épaule de Zoël. Il fit un tir toujours aussi peu académique et obtenu un résultat convenable : 3 quilles tombées. Avec la deuxième boule, toujours de huit kilos, il fit tomber qu’une quille de plus. Le blond avait donc au deuxième jeu dix-sept points. Il était vraiment plutôt bien partit selon lui. Il se glissa vers le français pour échanger quelques mots.

Tu as deux lancers par jeu ou tour de jeu si tu préfères. Bonne chance…

Piotr alla s’installer sur le banc d’où il peut observer l’arrivée bruyante d’un groupe de jeunes à peine plus vieux qu’eux. Mais le blond reporta rapidement son attention sur son petit ami, histoire de voir ce qu’il ferait cette fois-ci. Il ne doutait pas des capacités du français à s’illustrer, même si c’était sa première partie.

Piotr n'avait pas mit longtemps avant de comprendre que Zoël n'avait jamais pratiqué ce sport. Il expliqua alors au français qu'ils auraient pu sortir voir un film à la place. Le brun le prit comme un reproche... Le blond était-il fâché de ne pas avoir un adversaire à sa mesure ? Il n'osait même pas le dire à voix haute. Penaud, Zoël baissa la tête quand son petit ami lança sa boule. Il entendit les bruits secs provenant des collisions entre la boule et les quilles. Un bruit qu'il n'entendrait jamais après avoir lancé pensa-t-il.

Piotr lança une deuxième boule, frappa une quille. Il retourna s'asseoir ensuite. Il lança deux modestes informations sur les règles mais aucun conseil sur la manière de lancer. Zoël releva la tête et regarda le couple. L'homme se collait à la femme, la main posée contre celle de sa dulcinée. Objectivement, c'était plus l'homme qui lançait la boule que la femme. En effet si la main avec du vernis ne touchait pas la boule le résultat serait le même. Mais ils semblaient heureux à se tenir comme ça. Zoël fixa Piotr sur son banc. Il attendait le lancer du français.

Zoël souleva une petite rose qu'il surnomma cinq. Parce qu'un cinq était écrit au plein milieu de la boule. Il fixa l'allée. Le revêtement n'était pas le même que dans la salle, probablement pour permettre à la sphère de rouler plus facilement. On lui avait fournit en entrant des chaussures aux semelles plus lisses qu'un trait d'encre sur une feuille de papier. Remonter l'allée rapidement semblait risqué mais pas impossible. Les quilles se trouvaient au fond. Droites. Fières. Elles se moquaient de lui. Il se jura de les mettre à terre. Il glissa son pouce, son majeur et son annulaire dans les trois encoches. La prise lui semblait peu pratique mais de toute façon jeter une boule sur du vernis pour taper des quilles à 10 mètres n'était pas une idée très pratique donc il n'était pas choqué. Il se pencha en avant et regarda une dernière fois vers Piotr, le regard indécis.

Piotr ne voulait pas l'aider ? Pourquoi ne faisait-il pas comme le couple à côté ?

Zoël se redressa et prit de l'élan. Il glissa avant de jeter la boule. Déséquilibré, il la laissa à ses pieds pour se relever. La boule avança sur la piste lentement, glissa dans la gouttière et continua sa course.

Le français regarda son premier essai s'en aller lentement sans aucune chance de réussite. Des jeunes se moquaient de lui derrière. La chute avait attiré leur attention et ils se gaussaient des échecs du français. Piotr ne semblait pas intervenir. Zoël regardait la boule filer. Il devait attendre la fin de sa course pour en relancer une.

Il n'attendit pas. Zoël se releva et s'avança d'un pas rapide sur la piste. Il dérapa légèrement au début mais se reprit correctement. Il rattrapa la boule et l'arrêta. Tant que la boule n'atteignait pas la fin de sa course la machine qui s'occupait des quilles ne s'activait pas. Il approcha des quilles, en attrapa une (la plus avancée) et la soupesa. Derrière lui il sentait que les gens s'agitaient, mais il restait concentré sur ce maudit groupe de quille. Avec celle en main il dégomma le tas devant lui puis balança son « arme dans la gouttière.

Piotr suivi le regard de Zoël jusqu’à un couple où le mec devait vaguement essayer d’apprendre à jouer au bowling à sa petite amie. Mais pour le russe, c’était pas comme ça qu’elle allait apprendre puisqu’elle ne faisait strictement rien.  Enfin qu’importe, le blond reporta son attention sur le français. Il glissa avant de lancer sa première boule et tomba au sol. Le russe sortit un regard surpris, Zoël était un danseur, un danseur a beaucoup d’équilibre. Qu’est-ce qui n’allait pas ? Leblond fit taire les commentaires d’un regard noir. Mais ils reprirent instantanément. Piotr observa son petit ami aller vers les quilles à pied alors qu’il lui semblait que c’était interdit. Mais cela le fit se marrer. Alors il se leva, avança vers la piste pour hurler.

J’adore quand tu fais ces trucs fous, mais en fait si tu poses le pied sur la piste ça fait faute. Donc hormis passé ta colère ça fait rien.

Piotr attendit que Zoël revienne. Les curieux regagnèrent leur partie respective. Par contre le couple se fit quelque peu réprimander par les employés du bowling. Mais ils partirent après avoir eu la « promesse » des garçons de ne pas le refaire. Puis Piotr prit la main de Zoël et l’entraina vers le choix des boules. Il posa la main du brun sur la même boule que tout à l’heure. Restant dans son dos le temps qu’il prenne la boule, le russe lui chuchota.

Ne prends pas forcément d’élan, cherche déjà à comprendre comme la boule réagit à ton lancer. Prends simplement la position de base qui est une fente avant… Comme avant tes roues sur le praticable. Et tu seras parfait.

Piotr quitta enfin le dos de Zoël après lui avoir fait une légère caresse le long de son bras. Il laissait maintenant son petit ami pour rejoindre un siège et l’observer. Il espérait vraiment que son petit ami prenne du plaisir dans ce jeu qu’il ne connait pas. Et Dieu sait que cela peut être très compliqué. Mais il faut garder espoir, de toute manière ce n’est qu’un jeu et le ridicule ne tut pas.

OK, Zoël n’avait rien écouté. Piotr soupira, mais il se contenta d’observer. Il n’avait jamais vu une boule se stopper sur la piste. C’était une première… Le blond sourit puis il put admirer son petit ami reprendre la boule à pied puisqu’elle avait décidé de ne pas bouger. Les deux gamins eurent la chance que seuls un groupe d’idiots avait vu cela. Sinon, le staff les aurais viré.

Piotr bailla face à la lenteur du second jet. Zoël lui était comme en train d’admirer un bolide au ralentit. Le blond se leva et s’étira. Il fit un lancer au ralentit en espérant que son petit ami observe et apprenne. Il fit tomber cinq quilles sur le côté gauche. Un sourire satisfait il se retourna pour voir le français aux prises avec le groupe d’idiots. En quelques grandes enjambées, il alla se placer entre Zoël et les quatre idiots. Son regard glaçant était incontestablement flippant. L’un des idiots, un peu caché, se figea avec une expression pas rassurée. Les autres rirent.

Mais c’est qu’on a affaire à un petit couple d’attardé.
Comme si deux minables comme vous pouvaient nous battre. Mais si vous voulez vous prendre une dérouillée, ça me va.

Piotr était calme, la provocation ne l’avait guère piqué. Mais il craignait que Zoël réagisse au quart de tour. Alors d’une voix égale, mais à vous foutre les chocottes, surtout avec ce fin sourire sadique, il se mit à parler.

Hum… Une dérouillée, tentant. Mais est-ce que vous allez vraiment réussir ça, petits caïds d’un collège minable ?
Tu veux mourir idiot ?!
Mourir ? Non je crois pas. Enfin qu’importe… Si vous arrêtiez de nous casser les pieds et foutez le camp.
Regardez-moi le PD se croire fort !
Toi et ton p’tit copain à deux balles vous allez souffrir.

Un coup vola. Piotr le bloqua avec aisance. Maintenant que le combat était lancé, il n’allait plus pouvoir tenir Zoël. Pas bon ça… Oh Dieu faite qu’il ne dérape pas comme à la compétition. Quatre contre deux, ça pourrait paraître un combat désavantageux, mais ça le ferait. Même si ce serait mieux de ne pas continuer. Enfin, Piotr bloquait son petit ami derrière lui avec son corps tout en bloquant tranquillement les coups adverses. Il voulait pas se battre et cela semblait faire rire les deux autres idiots. Le quatrième reculait doucement, prêt à prendre ses jambes à son cou. À croire qu’il n’était qu’un souffre-douleur. Vu d’une certaine manière on pourrait croire que le blond protège le brun, mais la réalité était tout autre. Le cosaque sentait Zoël fulminer, alors il l’empêchait d’aller chercher le combat avec les autres. Bordel, il allait avoir le droit à une belle remontrance en rentrant. Il voulait pas passer ses vacances de Noël à faire le ménage ou des tours de pistes. Il soupira et se décida de foutre une droite au gars qui alla tomber quelques mètres plus loin.

Sérieux vous me gaver. T’as même pas réussi à me porter un coup. Dégage avant que l’envie me vienne de te tabasser.