Adélaïde n'avait que 10 ans quand cela c'est produit, à quelques semaines de son anniversaire. Elle se disait alors que les gyrophares des voitures de police faisaient vraiment mal aux yeux. Assise sur la marche de l'entrée, elle regardait des hommes en uniformes aller et venir, allant tantôt dans sa maison, puis revenant sur le trottoir pour discuter avec ceux restés là. Elle n'était encore qu'une gamine mais elle comprenait fort bien ce que disait les agents de police. Pourtant, elle ne ressentait rien, ou peut-être que si, un profond et terrifiant vide qui l'empêchait de pleurer. On ne lui avait encore rien dit mais depuis 2 heures, elle savait que son père était mort.
Parti en mission à l'étranger, il ne lui avait jamais caché qu'il faisait parti du MI5, et elle se gardait bien de le dire à tout le monde, de toute façon elle n'avait pas d'amis dans son école à qui le révéler. D'ordinaire, elle ne s'inquiétait pas quand il s'absentait, c'était un super agent secret et son père, pourquoi ça irait mal? En plus, il lui avait promis de lui faire rencontrer ses amis quand elle avait 5 ans, et il tenait toujours ses promesses. Mais pas cette fois-ci, pas avec ce qu'elle avait entendu au combiné alors qu'il lui disait qu'il leur avait payé un séjour au "Chessington World of Adventures", un parc d'attraction. La détonation avait été si forte que le micro de l'appareil avait frisé avant de finalement s'éteindre, soit parce que le téléphone de son père était mort, soit parce qu'il avait raccroché. Miss Wilson, la voisine, regardait alors la télé dans le salon, elle n'avait rien entendu. D'une main tremblante, Adélaïde avait contacté la police pour leur dire que son père venait de se faire tirer dessus dans un aéroport, dernier lieu cité par son paternel. Heureusement, les aéroports en Angleterre ne sont pas fréquemment sujet à des fusillades, la localisation fut alors rapide, mais pas les urgences.
Ayant déjà son numéro, les autorités n'avaient pas besoin de son témoignage, les policiers présents dans sa maison étaient donc là pour l'emmener, faute de tuteur légal dans les environs. Après une fouille sommaire de l'habitat et des questions aux voisins, un des officiers s'approcha de la petite et s'assied à coté d'elle. Il savait bien que ça ne servait à rien de lui demander si elle avait de la famille et que c'était une tâche ingrate. Elle venait de perdre un parent après tout, et d'en être témoin! Père de trois petites filles, il imaginait que trop bien ce qu'elles ressentiraient si un jour, on leur annonçait son décès au cours de ses fonctions, elles seraient effondrées et impossible à consolées. Mal à l'aise, il déglutit difficilement avant de s'adresser à elle.
- Je ne me suis pas présenté, Mike Eversson, mais tu peux m'appeler Mike... Sais-tu où est ta mère?
- Elle est morte d'un AVC.
- Oh... Toutes mes condoléances. As-tu un oncle alors? Ou une tante?
- Je sais que j'en ai au Japon mais je ne les ai jamais vu.
- Je vois...
Il était tout bonnement impensable de l'envoyer à l'étranger et le policier en avait bien conscience.
- Dans ce cas, tu vas devoir me suivre. Tu ne peux pas rester toute seule ici, tu comprends? Ce soir, tu dormiras au commissariat et demain, je t'emmènerais à l'orphelinat, le plus proche d'ici est à...
- Lambeth. J'ai un ami là-bas, vous pensez qu'ils me prendront?
- Pourquoi pas? Je leur demanderais dés ce soir si tu veux, au moins tu ne seras pas entourée d'inconnus! Comment s'appelle ton ami?
- Zacharias Bucket.
- Bien, dans ce cas ne perdons pas de temps ici. Oh, et prends des affaires avec toi, je pense qu'à l'orphelinat, ils accepteront de te laisser revenir en prendre mais en attendant, il te faut des vêtements propres.
Après être allée chercher son sac à dos d'y avoir mis quelques T-shirts, sous-vêtements, un pantalon et un pyjama, Adélaïde regarda le paysage défiler sous ses yeux à travers la fenêtre de la voiture de police, Mike au volant. L'incroyable sensation de vide dans sa tête lui prenait maintenant la gorge et elle ne parvenait toujours pas à la chasser. C'était comme si la mort de son père ne lui faisait ni chaud ni froid, ce qui était entièrement faux. Du coté du policier, il n'en menait pas large, ce n'était pas la première fois qu'il s'occupait d'orphelins, mais cela le mettait toujours mal à l'aise, pensant inévitablement à ses enfants.
- Et si tu me parlais un peu plus de ce Zacharias? Comment vous vous êtes rencontrés?
- On passait un test à l'Institut Mensa, il était venu avec la psychologue de l'orphelinat. On s'est très vite apprécié tout les deux! Quand papa a vu ça, il a fait en sorte qu'on puisse se voir le plus possible, depuis, on se voit à l'école et on traine ensemble.
- *siffle* Vous êtes donc des génies?
- Papa n'aimait pas qu'on dise ça mais je crois que oui.
- Ca se comprend. Moi je n'ai que des filles, 3 en fait, si tu veux, je pourrais te les présenter. Ce sont de vrais garçons manqués! La plus grande a 13 ans et elle n'arrête pas de me harceler pour que je lui offre un skate...
- Je fais du BMX et du skate de temps en temps, je pourrais lui apprendre quelques trucs si vous voulez!
- Ahah, n'y pense même pas! Elle s'est déjà cassée une jambe en voulant faire la maligne sur son vélo, pas question qu'elle se casse autre chose!
Ils continuèrent à discuter ainsi jusqu'au poste de police. Bien qu'Adélaïde ne connaissait pas l'officier, elle avait la naïveté de croire qu'il était gentil et digne de confiance, comme tout les enfants. Mike quant à lui l'appréciait de plus en plus, ce n'était pas tout les jours qu'on rencontrait une enfant aussi ouverte d'esprit, mais il craignait qu'elle ne sombre dans la délinquance au contact des mômes turbulents de l'orphelinat. Bien que ce ne soit pas dans ses fonctions, il se promettait d'avoir un oeil sur elle à l'avenir.
Au commissariat, tout le monde se montra sympathiques avec l'enfant qui, à peine arrivée, se mettait à poser des questions. Aucune ne la concernait, ni l'enquête sur son père, pris en charge depuis peu par le MI5. Les policiers adoraient expliquer leur travail aux petits curieux, Adélaïde ne fit pas exception à la règle et on l'autorisa même à répondre à une voiture de police avec la radio. Pour ne pas la laisser seule, on la fit dormir dans un bureau à même le sol avec plusieurs couvertures en guise de matelas, ce n'était pas très confortable mais c'était mieux que rien pour une nuit! Elle ne ferma pas l'oeil de la nuit cependant. C'est donc avec des valises sous les yeux qu'elle se rendit à l'orphelinat, accompagnée d'une policière travaillant dans le service de jour.
A sa grande surprise, l'individu qui vint l'accueillir était son ami Zacharias, alors qu'il devait être à l'école depuis plusieurs heures. Orphelin depuis tout petit, c'était un garçon bagarreur et hyperactif qui collectionnait les familles d'accueil, il n'avait jamais sombré dans la violence et la méchanceté cependant. Quand l'administration avait appris pour Adélaïde, elle lui avait demandé de veiller sur elle et de l'aider à prendre ses repères. Ce qu'il fit sans protester, bien trop heureux de retrouver son amie, même si les circonstances de cette rencontre étaient dramatiques.
Adélaïde ne se plaisait pas dans l'établissement malheureusement, certes, Zacharias la protégeait des brutes, le personnel était gentil avec elle et elle côtoyait toujours la même école privée qu'auparavant. Mais elle, ce qu'elle voulait, c'était quitter cet endroit. C'est au bout d'une semaine qu'elle rejoignit donc son ami, comme elle avait pris l'habitude dés son arrivée, n'aimant pas dormir seule depuis quelques temps, en larmes. La sensation de vide venait de s'envoler et le jeune garçon eut bien du mal à la calmer. Pour Adélaïde, la suite des événements était évidente.
- Je ne veux pas rester ici...
- Arrête, c'est bien ici! Bon, faut se taper Hugo et ses loosers, plus les chieuses à l'étage au dessus, mais sinon, on dort bien.
- En même temps toi, même un carton ferait l'affaire.
- Hééééé! On avait dit qu'on ne parlait plus de ça! En plus, j'ai tenu trois jours sans l'aide de personne je te rappelle.
- Tu puais le poisson pourri à des kilomètres!
- C'est mieux que sentir la chaussette...
Faussement vexé qu'Adélaïde lui rappelle ses mésaventures et ses fugues infructueuses, il se gardait bien de lui dire qu'il comptait retenter sa chance bientôt. Depuis plusieurs mois, il piochait dans l'argent de poche de tout le monde et économisait le sien pour se payer un billet direction la France, il savait bien parler le français et pensait pouvoir mener sa vie là-bas. Il ne l'avait jamais dit à sa copine mais sa tendance à cogner ceux qui l'énervait commençait à le rendre violent et un petit en avait fait les frais. Il avait bien conscience que l'attitude des "racailles" de l'orphelinat déteignait sur lui, et il refusait de finir en prison. De son coté, Adélaïde réfléchissait. Elle ne pouvait pas rejoindre le Japon, beaucoup trop loin de l'Angleterre, et elle n'avait pas de cousins britanniques non plus. Elle se rappela alors des coups de fil que passait son père dans son bureau. Elle n'avait pas le droit d'entrer dans cette pièce mais ce jour-là, la porte était entrouverte, et sa curiosité avait été piqué à vif. Elle avait alors entendu une conversation des plus singulières...
"- Hey Gordon, ça faisait longtemps! Tu deviens quoi depuis? Toujours au... Attends, ça capte mal ici... Raaah fichu réseau de banlieue. Ah voilà, je t'entends mieux!
- Tu devrais penser à changer d'opérateurs, c'est une vraie plaie à chaque fois!
- Je sais mais c'est lié à la télé, et Adélaïde refuse de voir sa chaine de sport changer pour une autre.
- Tu la gâtes trop cette petite.
- Au vu de ce que je lui demande, je pense que je peux bien laisser passer de temps en temps. D'ailleurs, tu as des nouvelles du comité?
- Oui, justement, je t'appelais pour ça! Ils sont pas encore à 100% ok mais Zara est favorable à son intégration.
- C'est super ça! Je suis sûr qu'elle ne regrettera pas sa décision. Je t'ai déjà dit qu'elle avait réussi à pirater Google il y a un an?
- Oui, et comme toujours, tu te répètes, papa gateau!
- Si tu avais une enfant aussi douée, tu serais dans le même état, ahah!
- Moi j'en ai plus de 200 sur les bras, et c'est pas ce que je ressens.
- Ce ne sont pas les tiens en même t... Adélaïde, qu'est ce que je t'ai déjà dit à propos du bureau de papa?"Depuis, son père gardait sa pièce fermée à clé, ce n'était pas la première fois qu'elle écoutait aux portes cependant. Mais pour elle, ce "Gordon" devait être un ami du MI5, tout simplement, et cette "Zara" aussi, c'est d'ailleurs ce que lui avait dit son père pour se justifier. Et si elle les appelait? Ou encore mieux, les persuadait de devenir ses tuteurs? Plus d'orphelinat pour elle comme ça! Et pourquoi pas emmener Zacharias avec elle? Persuadée que ça pourrait l'intéresser, elle lui expliqua son plan, lui révélant au passage qui était son père. Ahuri à l'idée que son amie était la fille d'un agent secret, il lui posa mille et une questions, comme à son habitude.
- Ouaaah, mais tu dois connaitre pleins de trucs d'espion alors! Comment ça se fait que tu saches déjà piratée? Tu suis une formation? Et on communique comment avec lui? S'il reconnait ta voix, il raccrochera tu sais? J'ai de l'argent mais on doit savoir où il se trouve avant, tu sais localiser un portable? Et une fois arrivés, qui nous dit que la police ne sera pas sur place? Et puis...
- Stop! Parle pas aussi vite, je ne te suis plus! L'informatique m'a toujours intéressé, à 3 ans j'avais déjà un ordinateur sur lequel je m'amusais à aller dans les codes sources, comme le faisait papa. En voyant ça, il s'est amusé à me donner des leçons de programmation, pensant que j'allais vite passer aux poupées, plus faciles à manipuler. Sauf qu'un jour, un de ses programmes avait une licence expirée, il avait pesté contre le prix par rapport à sa durée pendant que moi, je lui procurais innocemment une autre licence sur le site du logiciel.
- T'es sérieuse? La tête qu'il devait faire!
- Il n'a même pas osé me gronder, depuis, je l'aidais un peu, quand il voulait bien. Mais vu que c'est interdit et qu'il ne voulait pas que je me retrouve dans une institut à passer ma vie à bosser sur des algorithmes, il ne disait rien.
- Tu as déjà essayé de t'infiltrer dans le réseau du MI5? On pourrait trouver où vit ce Gordon comme ça.
- Non, c'est bien surveillé comme serveur, à peine dedans qu'ils trouveront déjà notre localisation. Par contre, je sais que l'ordinateur de papa peut géolocaliser les téléphones, il l'avait installé afin de repérer mon portable quand je suis dehors.
- Le MI5 l'a sûrement récupéré depuis...
- Si c'est le cas, alors il faudra installer le programme sur mon ordinateur, je sais où il range ses sauvegardes de logiciels.
- Ok, qu'est ce qu'on attend alors?
Excité à l'idée de pouvoir partir plus tôt qu'il ne le pensait et surtout, de vivre une aventure destinée à être incroyable, il se leva d'un bond et prépara ses affaires. Un sac sur le dos et des vêtements sombres sur eux, les enfants quittèrent discrètement l'orphelinat et firent main basse de deux vélos dans la cabane de l'établissement. Zacharias n'était pas aussi à l'aise qu'Adélaïde pour parcourir de grandes distances, contrairement à elle, il n'était dans aucun club et n'avait pas de bicycle attitré. Heureusement, le trajet de Lambeth à la petite ville de la jeune fille était composé de plusieurs pentes, ce qui facilitait grandement leur avancée. C'était la première fois qu'ils faisaient quelque chose sans décrocher un mot et cela les perturbait. Il y a plusieurs heures pourtant, ils s'étaient amusés à expliquer un théorème de niveau étudiant pour résoudre une équation qui n'avait même pas besoin de subir une telle technique pour avoir un résultat aussi précis et complexe. Ce n'était pas pour mettre la honte à leur professeur mais ils étaient si fiers d'eux que Zacharias s'était incrusté dans son exposé improvisé. Peu de temps après, ils avaient entendu la femme dire à un de ses collègues qu'elle allait leur faire passer les tests de l'Institut de Mensa, les faisant bien rire. Ils étaient aussi inquiets, le père d'Adélaïde leur avait expliqué pourquoi il ne les avait pas laissé aux mains de l'organisation, et contrairement aux autres enfants, ils ne voulaient pas avoir leurs têtes en première page de couverture des presses. L'une parce qu'elle s'en fichait du succès, elle préférait que d'autres qui n'avaient pas un QI important mais faits de grands exploits prennent sa place car ils le méritaient, eux. Pour l'autre, c'était parce qu'il savait que les journaux allaient faire sortir tout ses mauvais cotés, faisant de lui la bête noire des médias, et ça le terrifiait.
Comme elle le craignait, la maison était sous scellée, mais elle avait gardé la clé de l'entrée. Avec précaution, ils pénétrèrent dans le logis en tâchant de ne pas déchirer la bande jaune devant, une fois à l'intérieur, la fille ferma derrière eux et se précipita à l'étage pour constater que le bureau, en plus d'être ouvert, était en pagaille.
- Le MI5 est sûrement passé depuis, murmura Zacharias...
- Ils ont juste laissé le fixe, ça va pas nous aider... Dans ma chambre, il y a mon portable sous le lit, c'est juste au fond à droite, je vais chercher les téléphones de papa.
- Ok!
Concentrés, ils partirent chacun dans leur coin. Alors que Zacharias fouillait sous le lit de la jeune fille, Adélaïde retirait l'unique cadre de la pièce, une montagne de photos de sa famille mis sous vitre, la plupart la représentait sur le dos d'un cheval ou alors d'un vélo. Derrière se trouvait un coffre dont elle connaissait la combinaison à force d'épier son père. Après l'avoir composé, elle en sortit des dizaines de cartes micro SD, trois téléphones portables et plusieurs CDs. Elle savait que son père utilisait à chaque fois un portable pour communiquer avec "Gordon", probablement pour ne pas être tracé, les téléphones étaient donc trafiqués. Ne voyant toujours pas son camarade, elle le rejoignit, constatant avec lassitude que, comme son père, il avait trouvé sa cachette secrète, une latte du plancher était retirée à coté de son lit. Le nez plongé dans une liasse de feuilles, il sursauta en l'entendant se racler la gorge.
- Ca va? Je ne te dérange pas trop? Tu n'as pas oublié ce que tu devais chercher au moins?
- Désolé, la latte a craqué et j'ai pas pu résisté... Alors comme ça Mademoiselle veut faire dans l'écriture?
- Laisse tomber, c'était juste un délire de môme.
- Oh allez, Cassandre m'a dit que tu faisais que ça depuis ton arrivée à l'orphelinat!
- C'est pour gérer mon stress ok? Allez, au boulot maintenant, on a assez perdu de temps!
- Hé, te vexe pas! En vrai, c'est cool ce que tu fais, une future JK Rowling mais sans Harry Potter!
- Ouais c'est ça, et tu es Voldemort dans mes récits?
- Moi j'ai un nez au moins! Et puis, ton méchant est plutôt pas mal, enfin pas autant que moi mais c'est un bon début! Voici pour Mademoiselle l'écrivain.
Amusée, Adélaïde récupéra l'ordinateur et commença déjà à installer les programmes. Avec de grands yeux, le garçon la regardait faire avec une facilité déconcertante. Ses doigts semblait voler sur le clavier et les lignes de code défilaient comme par magie. Finalement, il chercha la carte SIM utilisée par son père pour communiquer avec son ami.
- Ah, je crois que je l'ai! Mais on fait comment pour le tenir en ligne? Et ça dure combien de temps pour tracer un appel?
- 30 secondes pour une géolocalisation sommaire, 1 minute si on est chanceux. Tu te rappelles quand on appelait des gens au hasard? Tu imitais super bien la voix de papa.
- Oui mais ton père est mort, et Gordon risque d'être au courant, à peine entendra t-il sa voix qu'il va raccrocher...
- ... Et Mike?
- Qui? Le policier qui vient nous voir de temps en temps?
- Ouais! Il travaille de nuit, dans les séries, les policiers appellent toujours les contacts qui ont communiqué avec la victime. Tu pourrais te faire passer pour lui non?
- Hmmm oui, possible, mais il me faut une base, tu en as une?
- Oui, attends deux secondes.
Adélaïde savait que son père avait mis une caméra à l'entrée, pour surveiller les allées et venues. Après avoir trouvé la séquence, elle laissa son camarade s'entrainer à moduler sa voix. Une fois prêts, Zacharias composa le numéro de Gordon, le coeur battant à tout rompre.
- Ca va pas marcher, ça va pas marcher, ça va pas marcher...
- Allo?
- Monsieur Gordon? Officier Eversson du City of London Police, j'ai quelques questions à vous poser sur Monsieur Thompston...
Alors que Zacharias improvisait comme il pouvait pour tenir en ligne Gordon, Adélaïde bataillait ferme avec le logiciel pour localiser son portable. Au moment où elle parvenait à ses fins, des voix retentirent au rez-de-chaussée, surpris, le garçon eut le mauvais réflexe de raccrocher.
- Oups...
- Bon sang mais quel crétin! Pourquoi t'as raccroché? Je l'avais!
- Il y a quelqu'un en bas...
Discrètement, ils rampèrent jusqu'à l'escalier. En comprenant que c'était des policiers, ils se précipitèrent dans la chambre. Ouvrant la fenêtre, le garçon invita Adélaïde à passer, celle-ci ne réfléchit pas une seconde, mit son ordinateur dans son sac plus quelques biens dedans puis sortit. Cette issue était prévue en cas de pépin comme des intrus dans la maison, ils s'étaient mis d'accord sur le trajet et la fille avait mis au courant Zacharias de la présence d'un arbre à coté de sa fenêtre. Avec précautions, ils descendirent puis se précipitèrent dans l'arrière-cour où était rangé les jouets d'Adélaïde. Ils firent main basse sur un BMX et un skate à leur taille puis détalèrent.
Cela faisait maintenant un mois que les enfants étaient portés disparus. La police avait beau recevoir des appels de témoins disant avoir aperçu les petits, ils ne parvenaient jamais à leur mettre la main dessus. De leur coté, la situation n'avait jamais été aussi bonne! Maintenant qu'il savait comment faire planter un distributeur à billets, Zacharias s'occupait de gérer leurs économies et de renflouer le tout quand ils commençaient à manquer. Tandis que la jeune fille était plongée dans son ordinateur, ce qu'elle avait trouvé avec les CDs récupérés et les cartes SIM la captivaient. Leur dernière tentative pour contacter Gordon avait été un échec mais elle ne comptait pas abandonner pour autant. Et s'ils ne parvenaient pas à se faire accepter, et bien ils suivraient le plan de Zach', direction Paris! Sauf que ce qu'elle avait trouvé en fouillant les historiques du téléphone de son père lui avait ouvert de nouvelles directions dans ses recherches. Un réseau auquel l'ex-agent s'était déjà connecté quelques fois. Elle ne savait pas ce que c'était exactement cependant, pensant de son coté que ce devait appartenir au MI5.
Alors qu'elle tentait une énième approche, la porte de leur chambre d'hotel s'ouvrit sous le coup de pieds de Zacharias qui déposa son sac à dos dans un coin de la pièce avant de se jeter sur le matelas, faisant rebondir Adélaïde au passage. Il resta ainsi étendu pendant de longues minutes avant de relever la tête et de soupirer.
-Ah, je suis mort! Et si on bougeait?
-Hm...
-Alors, tu en es où? J'ai encore vu une voiture dans la rue, je crois qu'on devrait vraiment changer de planque.
-Hm...
- ... Adèèèèle? L'hotel est en feeeeuuuu!
-Hm ouais ouais...
-Bon tu sais quoi, on va prendre un vrai petit déjeuner!
-Hm pardon?
A peine redressa t-elle la tête que Zach' lui prit la main et lui arracha l'ordinateur, le posant sur les draps défaits, puis il l'entraina dans sa course jusqu'au rez-de-chaussée. Sourd à ses protestations, il manqua même de rentrer dans deux enfants qui allaient prendre les escaliers. Après s'être confondu en excuse, il reprit sa route et guida la jeune fille jusqu'à une banquette. Alors qu'Adélaïde reprenait ses esprits, il commanda deux menus et une carafe de jus d'orange. La serveuse ne tarda pas à revenir avec leurs croissants et leurs tasses de chocolat chaud dont Zach' but la moitié d'une traite, se brulant le gosier.
-Ah, ça fait du bien! Bon, et si tu me racontais ce qui te mettait en zombie?
-En zombie?
-Tu ne m'écoutais même pas, ahah! Alors? Tu as trouvé une piste?
-Ouais, je crois... J'en suis sûre même! Et tu vas pas me croire quand je te le dirais, dit-elle en trempant son croissant dans sa tasse.
-Raconte!
-Papa avait raison, le MI5 engage des enfants, enfin je crois que c'est un centre de formation. Je suis tombée sur leur serveur presque par hasard, heureusement que je suis passée par les archives, mais je n'ai eu accès qu'à ça malheureusement.
-Attends attends, tu dis que le MI5 forme des enfants? Mais ça n'a aucun sens...
-Ouais je sais, moi-même je n'arrive pas à réaliser. De ce que j'ai vu, ce sont surtout des missions de sécurité et de récupération de donnes. D'un coté c'est logique, on fait pas attention aux enfants de base.
-Sauf quand ils sont en cavales, répliqua t-il avec malice. Alors des enfants hein? Et tu crois qu'on doit se méfier de nos propres camarades?
-Je sais pas, j'ai pas eu le temps de regarder tout...
-... Merde, maintenant que tu le dis!
-Quoi?
-Ca fait un moment que deux jeunes nous suivent, je n'ai pas capté au début car bon, on va dans des quartiers où il y a justement des mômes. Mais eux, ils étaient souvent là. Tu crois que ce sont des... des agents?
-Ah, je vois de qui tu pa... Ce serait pas eux dehors là?
Zach' tourna la tête vers la grande fenêtre de l'hotel et son sang se figea. C'était bien les deux jeunes qu'il avait surpris en train de les suivre, et maintenant qu'il y réfléchissait, il se rendait compte que c'était aussi les enfants qu'il avait manqué de percuter dans les escaliers! Chose étonnante, l'un d'eux portait un sac maintenant, et l'autre téléphonait. Il se leva d'un bond, manquant de renverser sa tasse.
-L'ordinateur était dans la chambre!
-Oh non, ne me dis pas que...
D'un commun accord, ils se précipitèrent vers leur chambre et ce qu'ils découvrirent mis fin à leurs projets. L'ordinateur avait disparu ainsi que les cartes micro SD et les disques, seul le sac de Zacharias était encore là mais ouvert et vide. Furieux, le garçon frappa le mur du point.
-Ah les salauds! On y était presque!
-Ils n'ont pas tout pris heureusement.
Sous les yeux médusés de son ami, Adélaïde sortit un portable de sa poche. L'espoir ne fut que de courte durée malheureusement.
-Super, on a plus qu'à appeler l'orphelinat...
-En fait, j'ai les coordonnées de Gordon.
-Pardon?!
-J'allais te le dire en bas quand tu m'as coupé. Mais on n'a pas de temps à perdre, je suis sûre qu'ils appelaient la police! On reprend nos vélos et on fonce. De ce que j'ai vu, on est plutôt loin de sa position mais à pieds, on ne sera pas repéré au moins.
-Tu sais que tu es un génie? Dans mes bras!
Ils avaient bien fait car à peine quelques minutes après leur départ, la police était arrivée dans l'hotel. Depuis, plus personne ne savait où ils se trouvaient, il n'y avait plus de témoignages ni d'appels, au point que beaucoup pensèrent qu'ils avaient été enlevé, ou pire, victimes d'un trafic! La vérité en était tout autre puisque les deux jeunes pédalaient dans la campagne, alternant entre la route et la terre battue sans se plaindre des chocs ni de leurs fesses en compote. Ils regardaient le moins possible le téléphone, faute de batterie pleine. La chance était petite mais elle était là! Et ils refusaient de laisser tomber maintenant!
Peu habitués à faire autant en vélo, ils durent faire souvent des pauses, surtout à cause de toutes les déviations qu'ils devaient faire pour éviter autant que possible la civilisation. La voix un peu irritée et le ventre criant famine car ils n'avaient plus de nourriture depuis 24 heures, Adélaïde regardait sans aucune émotion le panneau "Champs de mines! Veuillez attendre l'intervention des militaires!" planté devant un champs en friche où les mauvaises herbes poussaient sans aucune contrainte. Une base militaire, ils allaient droit vers une base militaire contenant des enfants, c'était difficile à croire pour elle. Quant à Zach'... Il faisait le pitre dans le-dit champs.
-Zach', reviens! C'est pas drôle...
-Puisque je te dis qu'il n'y a pas de mines! Regarde.
Tel un chat, il sautait de droite à gauche et tenta même une galipette, se mettant de la terre sur le dos de son haut à l'état déjà déplorable. Il en avait assez de toute cette tension et là, tout ce qu'il souhaitait, c'était faire une pause, se défouler, et... Oui, impressionner sa grande amie. Faire l'idiot en bref! Mais Adélaïde ne semblait pas très contente et même lasse de le voir encore faire n'importe quoi. Bien conscient qu'ils étaient à deux doigts d'atteindre leur objectif, il mit ses mains dans la poche et lui fit un sourire amusé.
-Ok patronne! On reprend, mais je te préviens, on marche maintenant. Ras le bol du vélo, je ne sens plus mes...
Il cessa de bouger en entendant le petit bruit sec sous son pied. En baissant les yeux, il se rendit compte qu'il avait posé sa chaussure sur une mine! Livide mais refusant de paniquer car il savait que c'était la dernière chose à faire, il reporta son attention sur la fille.
-Je fais quoi?!
-Euh...
Un silence de plombs accueillit sa réponse. Elle était la fille d'un agent secret, mais au final, ses connaissances n'étaient pas si importantes que ça dans le domaine, et encore plus dans celui militaire!
-Ne retire surtout pas ton pieds déjà!
-Merci Sherlock! Je sais comment marche une mine!
-Hé, qui a voulu jouer dans un champs de mines à la base?!
-Ouais ouais! C'est bon? Sors moi de là, punaise!
-Oui laisse moi deux secondes... Est-ce que tu vois l'année de fabrication?
-Hein?
-Les mines ne sont plus efficaces au bout de 5 ans je crois.
-Ah ok attends, je le déterre... Euh, Adèle?
-Quoi?
Penaud, il retira de la terre la boite de conserve qu'il avait écrasé et confondu avec une mine. Au bout de quelques secondes à ne faire que regarder le bout de métal rouillé avec stupeur, ils finirent par éclater de rire et Zacharias la rejoignit. Alors qu'il avançait, il entendit un son au loin qui lui fit tourner la tête.
-Oh merde, des voitures!?
-On laisse les vélos dans le fossé. Dans le bois, vite!
D'un commun accord, ils poussèrent leurs vélos puis foncèrent se cacher dans le petit bois qui jouxtait la route, offrant une cachette idéale à tout moment. Ils s'accroupirent derrière un arbuste bien fourni et attendirent que les voitures passent. Au son qu'ils faisaient, Zach' comprit que c'était des Jeeps, des voitures militaires donc. Il espérait au fond qu'ils n'allaient pas remarquer les vélos et croisait même les doigts. Malheureusement pour eux, c'était exactement pour ça qu'ils étaient là. Dans un crissement de pneus, ils s'arrêtèrent pile en face d'eux et les hommes à l'intérieur qui en sortirent portaient tous un uniforme couleur kaki. Ils ramassèrent les vélos tandis qu'un s'approchait du bois, forçant les petits à retenir autant que possible leur souffle de peur de se trahir.
-On sait que vous êtes là les enfants! Allez, sortez de votre cachette, on ne vous fera rien.
Les deux jeunes se regardèrent, puis, d'un commun accord, reculèrent en faisant le moins de bruit, essayant de se fondre dans l'ambiance qui enveloppait les lieux, les gazouillis d'oiseaux, les insectes rampant sur les feuilles, les rongeurs qui les faisaient craquer. Puis ils suivirent la route, surveillant avec attention les soldats, sans prendre en compte qu'ils pouvaient y en avoir aussi dans le bois! C'est quand un bras ceintura Adélaïde qu'ils comprirent leur erreur.
-Ils sont là!
Sans réfléchir, Zacharias frappa violemment le soldat avec un crochet parfaitement maitrisé suivi d'un uppercut qui envoya l'adulte sur les roses. Les mains endolories, il aidait son amie à se relever puis ils coururent sans se retourner, mettant le reste de leur énergie dans cette action. Adèle se garda bien de lui demander comment il savait faire ça, ce n'était tout bonnement pas le moment! Leur course ne dura pas longtemps cependant puisqu'ils avaient à faire à des individus entrainés, c'est donc à bout de souffle et en nage qu'ils se retrouvèrent au point de départ, à coté de leurs vélos.
-Vous êtes les enfants en balade pas vrai? On va vous ramener au poste de police le plus proche alors.
-Non, attendez! On est d'ici, de la base... tenta Adélaïde tandis que Zach' lui faisait les yeux ronds.
-Mais ouais, on engage des enfants dans l'armée maintenant. Allez, l'orphelinat, ce n'est pas si terrible.
-C'est Gordon! C'est lui qui nous a dit de venir!
-Connais pas!
N'ayant aucun mensonge à lui donner, c'est anéantie que la jeune fille grimpa dans la Jeep, sans réaliser que le soldat derrière eux venait de sortir deux seringues d'une petite boite.
Quand Adélaïde se réveilla, elle était dans un lit, lui rappelant amèrement que ce qu'elle avait vécu il y a... Combien de temps au juste? 1 jour peut-être. Et c'était bien réel. Elle avait échoué et maintenant, elle était à l'orphelinat, seule dans une chambre... Qui ne lui disait rien. Des cris retentirent à l'extérieur et lorsqu'elle se leva, elle se rendit compte qu'elle était nue.
"Ce n'est pas normal!"Alors qu'elle s'habillait des seuls vêtements trouvés dans la pièce -un treillis, un T-shirt orange et des rangers-, elle essayait de rassembler ses souvenirs les plus récents, mais c'était peine perdue. Tout ce qu'elle se rappelait, c'était d'avoir été attrapé par des soldats, et puis le néant. Et Zach' dans tout ça? Anxieuse et déboussolée, l'enfant sortit de la chambre pour se retrouver dans un hall où enfants et adultes passaient, soit en courant, soit en marchant. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle voyait! D'un pas hésitant, elle se dirigea vers la femme qui tapait sur un ordinateur qu'elle supposa être la dame de l'accueil.
-Excusez moi...
-Je ne dois pas parler aux Oranges.
-Pardon?
-Je ne dois pas parler aux Oranges.
De la main, elle lui désigna un couloir puis, avec un sourire, l'encouragea à y aller avant de retourner à son travail. Adélaïde regardait son haut puis le sien avant d'observer celui des autres et compris que le Orange était une couleur singulière au sein de... Cette organisation? Secte? Rêve? Où était-elle au juste? Et Zacharias dans tout ça?
-J'étais avec un garçon aussi, Zacharias. Vous savez où il est?
Pour toute réponse, elle eut droit à un nouveau geste de la main vers le couloir. Après l'avoir remercié, ce qui lui rapporta la même réplique de la part de la femme, Adélaïde avança vers les portes en bois dont les étiquettes étaient en piteux état. Elle ne savait pas où elle devait aller exactement et aucun des noms marqués ne lui disaient quelque chose, jusqu'à ce que des voix sortant d'une l'arrêtent. C'était celle d'une autre femme et de Zacharias! En levant le nez, elle put lire sur l'écriteau aux lettres dorées presque effacées "Zara Asker, Directrice du Campus" mais avant même qu'elle ne puisse toquer, la poignée s'enclencha et la porte s'ouvrit.
-Et voilà notre fouineuse! Entre.
La voix de l'homme était dure mais elle n'eut aucun problème à reconnaitre le géant roux, bien que son visage ne lui disait vraiment rien. C'était l'ami de son père, Gordon! Jugeant qu'il ne fallait pas l'énerver, ce qu'il était déjà, elle entra dans la pièce et resta plantée au milieu de la salle, regardant son ami, assis dans un fauteuil en face d'un bureau, puis Zara Asker, assise derrière le-dit bureau. Celle-ci sourit et l'invita à s'asseoir.
-Je t'en prie, mets toi à l'aise.
-T'avais raison, Adèle! C'est une base de super espions qui marche avec le MI5!
-En partie seulement, Zacharias. Et laisse moi lui expliquer, s'il te plait.
-Ah oui, pardon! Et lui c'est Gordon en fait.
-Je sais.
Adélaïde ne se sentait pas particulièrement mal à l'aise dans le bureau, mais elle savait qu'elle devait faire attention à ce qu'elle allait dire à présent. Une fois assise, elle laissa Zara parler.
-Bien, tout d'abord, bienvenue à CHERUB. Je suis Zara Asker mais tu dois t'en douter, je suis la directrice de cet endroit. Ton ami m'a retiré les mots de la bouche alors je vais plutôt te laisser la parole. Tu dois avoir des questions non?
-Et bien en fait une seule, comment vous avez fait pour nous trouver? Le portable de papa était trafiqué, j'ai vérifié, il n'était pas traçable, et j'avais masqué mon IP...
-C'est plutôt inhabituel comme question, mais votre entrée ici l'était aussi, je suppose donc que cela est normal. En fait, quand tu t'es connectée à notre serveur, on a su automatiquement où vous étiez. Pour ce qui est de votre escapade en vélo, il y avait des caméras. Je voudrais d'ailleurs savoir comment tu as fait pour nous pirater.
-Oh et bien c'était plutôt simple en fait... Je peux vous montrer si vous voulez.
Les minutes qui suivirent furent dédiées à une démonstration de piratage de la part d'Adélaïde qui, sans le vouloir en dévoilant ses compétences, était en train d'être évaluée par les deux adultes qui observaient avec beaucoup d'attention sa présentation.
-Papa était chargé de tester la sécurité de certains sites, mais parfois c'était à moi qu'il proposait de le faire. Les sociétés protègent pas souvent leurs archives car généralement, ça n'a aucun intérêt, mais c'est un accès non-négligeable pour peu qu'on ait le temps et les moyens pour passer par là. Il m'a fallu deux jours pour passer chez vous, mais je n'ai même pas atteint le coeur de votre serveur, je n'avais donc que quelques fichiers sous la main.
-Ingénieux. Je tacherais de le dire à nos informaticiens dans ce cas. Nous sommes un établissement faisant partie de l'Intelligence Service, ce genre de défaut peut nous être fatale. Mais dis moi, ton père te faisait souvent travailler ainsi?
-J'ai toujours aimé l'informatique, papa pensait qu'il ne fallait pas aller à l'encontre des passions. C'est lui qui m'a appris la majorité de ce que je sais. Il voulait aussi que j'intègre ce campus.
Du coin de l'oeil, elle regardait Gordon qui, depuis la conversation, n'avait pas bougé d'un pouce, comme s'il était là juste pour observer.
-En effet. Je suis désolée pour ton père, c'était un brillant agent à CHERUB et un grand ami pour tout le monde. Sache qu'ici, tout les enfants sont orphelins, pour certains, cela est même récent, tu n'es donc pas la seule à sentir ce vide en toi.
-... La psy de l'orphelinat est...
-Un ancien agent du campus. Nous sélectionnons nos pensionnaires dans les orphelinats les plus sinistres d'Angleterre car c'est là que les plus brillants se font remarquer. Maintenant je vais être claire avec vous. Vous avez cherché à nous rejoindre sans même savoir qui nous étions. Au vu de vos dossiers à l'Institut de Mensa -oui, nous avons même accès à cela-, vous remplissez la moitié de nos critères, et je suis sûre à 200% que vous remplirez les autres avant ce soir. Sachez cependant qu'en vous engageant sur cette voie, vous risquez de vivre des moments très difficiles voir ingérables. Nous ferons tout pour vous mettre dans les meilleures conditions pour que vous puissiez tenir mais en cas d'abandon, vous aurez droit à une famille d'accueil ainsi qu'aux aides pour intégrer une bonne école.
-Ah non hein?!
Tout les regards se posèrent sur Zacharias qui venait de se lever, un grand sourire aux lèvres.
-On a pas fait tout ce chemin pour que vous nous dites simplement "si vous avez trop peur, vous aurez une famille d'accueil"! On a pris notre décision, changer de vie et ne plus retourner dans un trou perdu au fin fond de Londres. Adélaïde sera une super espionne comme son père, la meilleure de votre campus, j'en suis sûr à 100, non 200%! Et moi je ne compte pas quitter cet endroit génial non plus. Maintenant c'est à vous de vous engager! De faire en sorte qu'on ne regrette pas ce qu'on pensait de vous parce qu'à la base, on voulait que vous nous adoptiez.
Un silence gênant accueillit le discours de Zacharias qui se sentait très à l'aise, debout et le doigt pointé sur Gordon. Adélaïde ne savait pas si elle devait rire ou se frapper le front car, une fois de plus, son meilleur ami faisait le pitre. C'est donc Zara qui prit l'initiative en éclatant de rire.
-C'est d'accord, Zacharias, nous nous engageons!